5 anciens Ministres de l’Environnement soutiennent l’ours
Ce débat doit être possible mais toute une génération d’élus doit céder la place. Les Pyrénées méritent mieux que ce clivage nauséabond et anti civilisationnel qui se résume à une triste opposition entre ceux qui parlent de «leurs territoires» et le droit d’en disposer à leur guise (chasse, champignons, pêche, tracer des pistes) et les autres, les touristes, les gens des villes, les parisiens, les gens « derrière leurs bureaux » de l’Europe, les étrangers qui « nous » donnent des ordres (et des subventions).
Nous savons tous que l’ours n’a rien à voir là-dedans et que les difficultés du pastoralisme sont un simple chiffon rouge qu’une minorité agite pour faire peur et orienter les votes, conserver sa place, son influence, ses privilèges. Dans une société qui doute, face à l’inaction des pouvoirs publics devant la crise agricole, agiter la peur, renforce le replis, aiguise les frustrations et la menace brandie (ensauvagement, déshumanisation, désertification) sert toujours à quelque chose, marque les esprit, intimide et conforte évidemment les gens qui contrôlent les petites féodalités locales (On est là pour vous protéger !). Cette stratégie du pyromane, de l’écobuage idéologique ne s’arrêtera pas hélas avec la disparition de l’ours. Après viendra le temps des loups, le tour des vautours, jusqu’au dernier renard, la dernière martre, la simple belette, l’unique corbeau…Quand il ne restera plus un seul prédateur sauvage de la taille d’un lézard déshydraté, que les sécheresses se succéderont, il faudra bien se poser la question de l’avenir du super prédateur… et de la politique agricole en France.
Et les anciens ministres qui signent ce courageux « appel » avaient 15 ans pour s’en préoccuper. Où étaient-ils ?
Nous avons bien encore par-ci par-là quelques tartufes, mais dans le monde, le nôtre, la religion n’en fait plus, c’est un masque qu’elle a laissé à la politique (Stendhal)
L’hypocrisie est, chez une nation, le dernier degré du vice. C’est donc faire acte de citoyen que de s’opposer à cette tartuferie sous laquelle on couvre ses débordements (Balzac)
L’appel des anciens Ministres de l’Environnement en faveur de l’ours :
Nous, anciens Ministres de l’Environnement, ayant tous œuvré pour la conservation de l’ours brun en France, considérant :
• la situation critique de l’espèce dans les Pyrénées, notamment en Béarn ;
• les engagements internationaux de la France en matière de biodiversité ;
• le succès des opérations de lâcher réalisées depuis 1996 et la bonne adaptation des animaux à leur nouveau territoire ;
• l’efficacité des moyens de protection et des mesures en faveur de la conciliation avec les activités humaines ;
appelons à poursuivre cette action pour la sauvegarde de la biodiversité et soutenons la demande de nouveaux lâchers d’ours dans les Pyrénées portée par les associations avec le soutien des Français.
Appel signé par :
(par ordre alphabétique)
– Jean-Louis BORLOO
– Yves COCHET
– Corinne LEPAGE
– Nelly OLIN
– Dominique VOYNET
