Le Spigolo d’Ansabère à la médiathèque d’Este à Billère

Publié par Pierre MACIA le

Obsession du grimpeur, l’éperon sud de la petite aiguille est une des grandes voies des Pyrénées. Majeure, incontournable, visionnaire,  elle a mis 10 ans à devenir classique et tous les connaisseurs savent qu’une incroyable persévérance est attachée à son ouverture étalée sur plusieurs années. Son ouvreur, on devrait dire son auteur, puisqu’à l’époque on ne parlait pas encore d’équipeur est Raymond Despiau. Cette grande figure de l’escalade des années 70 signa quelques unes des plus belles réalisations des Pyrénées. A Ordesa, Troumouse, Baroude, Montrebey,au Vignemale, il trouva de nombreuses belles lignes à la mesure de ses incroyables rêves verticaux. Mais celle qu’il laissera à la postérité en l’offrant à toutes les générations de grimpeurs : c’est le Spigolo. Son chef d’œuvre, c’est le Spigolo sud à la petite Aiguille.
Le mot vient parait-il du latin « spiculum« . Il est utilisé, en italien dans la géométrie des solides en désignant les segments communs à deux faces d’un polyèdre, c’est à dire la ligne séparant les côtés de ces deux faces, l’intersection.
Le Spigolo c’est cela. Une intersection vertigineuse qui part à la verticale des éboulis de Pétragème et vient gratter les cieux du cirque de Lescun en formant un éperon étourdissant.
Despiau le baptisa ainsi peut être aussi à cause de sa ressemblance avec le « Spigolo Giallo« , dans les Dolomites. Pour réaliser son œuvre, il mena une longue entreprise de pitonnage durant l’été 1967 en plantant une quarantaine de pitons à expansion. Ce long «  travail  » permit cette très spectaculaire et très artificielle escalade. L’artiste fut accompagné par divers compagnons : P. de Bellefon, de Boysson, J.-C. Luquet.
J. Oscaby, J.-L. Pérès, J. Ségalas et Tony Sarthou firent la seconde ascension et Michel Berruex la première solitaire.
Début  des années 80, l’équipement vieillissant fut renouvelé. C’est alors qu’Eric Boileau et ses amis, réequipèrent le Spigolo et parachevant l’œuvre rectifièrent aussi  la ligne d’ascension pour aboutir directement au sommet en escalade libre. L’enchainement fût réalisé par  Éric Boileau, Dominique Perrin et P.J. Pradalier, le 11 août 1981.
Depuis la voie a été réalisée entièrement en escalade libre par Serge Castéran et Jean-Marc Pic en 1984 et la première en solo intégral par François Carrafancq la même année.
Pour la petite histoire,  Bertrand Moreau et François Ravier ont réussi à enchaîner dans la journée cet itinéraire à la suite… du pilier de l’Embarradère à l’Ossau !
D’autres voies remarquables furent également ouvertes sur cette petite aiguille d’Ansabère. Citons :
«  Dernier voyage  » par Eric Pétetin et Christian Ravier le 10 juin 1983
«  Zutopistes  » par Jean-Louis Gontié et Christian Ravier le 14 septembre 1997
«  Zélus vendus, zélus pendus  » par Benoit Dandonneau et Christian Ravier en
septembre 1998

Quelques sources :
Jean Ollivier dans Pbase.com
 » Passages Pyrénéens « , voie n°5, p.24
Revue « Altitude » n° 43, p. 26, excellent récit de R. Despiau note
technique p. 76.
«  Passe- Muraille  » n°7, Avril 1996.

Une image amusante, la vue à 360 ° depuis le petit pic d’Ansabère :   http://aragon360grados.260mb.com/cimansabere/cimansabere.html
Le topo :http://aragon360grados.260mb.com/espigologigapan/espigolo.htm

Maintenant que vous en savez plus, venez nombreux voir les deux films de Louis Audoubert tourné à Ansabère dans les années 70-80 :
– Le Spigolo d’Ansabère: film de 32 minutes sur l’escalade du Spigolo au début des années 70
– Pyrénées à mains nues: extrait de 14 minutes sur l’escalade libre du Spigolo d’Ansabère (1985)