3 ème rencontre Verticualidad avec Simon Elias le 28 novembre
Simon Elias est guide de Haute montagne. C’est un fameux grimpeur, il encadre l’équipe d’Espagne des Jeunes Alpinistes.
Voilà un joli nom « Simon Elias » qui sonne comme un personnage de l’antiquité, un philosophe, un savant puissant. Il y avait peu d’alpinistes avant Jésus Christ, pas de fédé, pas un troquet, pas une mobylette. Rien, le piolet n’avait même pas été inventé et les clous …
L’histoire est pleine de Simon. Simon le Zélote, Simon le Cananéen, Simon de Cyrène.
Après quelques recherches, on trouve que le nom Simon vient de « Képha », mot qui signifie en araméen « rocher » traduit par Πετρος, « pierre », en grec, ce qui a donné Petrus en latin, puis Pierre en français, Pietro en italien, Pedro en espagnol, Peter dans les pays germaniques, Piotr en russe etc…Pour un grimpeur ça tombe plutôt bien.
La projection de Simon Elias ce samedi 28 novembre nous propose de conjuguer le plaisir de la grimpe avec celui de partager cette aventure avec son frère Martin. Martin, on le connaît c’est un grand gars, très fort grimpeur aussi. Misère c’est donc de famille et dans les gènes le talent !
Des histoires de frères aussi l’Histoire en est pleine.
Osiris et Seth, Romulus et Rémus, les frères Shun et Yao pour les chinois, les arabes ont Abel et Qâbîl.
Pourtant la bible nous a fait désespéré d’avoir un frangin. Rappelez-vous Caïn et Abel, ça s’est mal fini. Caïn tue son frère à coup de pelle !
Le frère c’est celui qui vous ressemble mais qui n’est pas tout à fait vous. Si c’est l’aîné, il ramène les plus jolies filles à la maison et grimpe bien mieux que vous. On le jalouse, on le bade. Mais on le rattrape et…on le dépasse !
L’alpinisme aussi est plein de belles histoires de cordée et les Pyrénées, par chance, comptent LA cordée mythique celle de Jean et Pierre Ravier dont le nom est inséparable du Pyrénéisme d’après-guerre. Dans les encyclopédies, on peut lire : « le secret de la cordée parfaite formée par ces jumeaux à la ressemblance étonnante réside peut-être, justement, dans cette unité gémellaire, qui leur donne une force psychologique et une confiance dont bien peu de cordées peuvent se prévaloir. » La cordée et la force de la gémellité. Gémellité qui cimente les projets, amour de la grimpe avec son double, son poteau, son jumeau !
Autre histoire de cordées et de frères. René Desmaison après la mort de Jean Couzy qu’il considérait comme son frère a donné cette version poignante.
« J’escaladerais d’autres sommets, et encore d’autres, des arêtes, des couloirs, des pentes de glace, je referais les mêmes gestes et je redirais les mêmes paroles, seul ou avec un autre. Ce ne sera plus la même cordée, jamais plus, mais un peu la continuité. »
Encore une fameuse cordée, la plus célèbre peut être celle de Terray et Lachenal, ce Biscante auquel Terray vouait une admiration totale et qu’il aimait comme un frère.
On ne choisit pas son frère mais mais on peut choisir un ami et encore mieux son compagnon de cordée. Comme le précise Christian Ravier « La roche vient après, les compagnons viennent en premier. Je préfère faire une voie moche avec un bon ami qu’une belle voie avec un abruti.”
Alors, puisqu’on parle de Terray, nous allons finir par la belle phrase qui clôt « Les Conquérants de l’Inutile » et qui résume à elle seule, ce que peut être au-delà de l’aventure, de la joie de grimper, on va chercher en montagne, cette quête enfantine dont on ne voudrait jamais voir la fin…
« Si vraiment aucune pierre, aucun sérac, aucune crevasse ne m’attend quelque part dans le monde pour arrêter ma course, un jour viendra où, vieux et las, je saurais trouver la paix parmi les animaux et les fleurs. Le cercle sera fermé, enfin je serai le simple pâtre qu’enfant je rêvais de devenir… »
Samedi 28 novembre à la MJC Berlioz, une histoire de grimpe, de cœur, de frères, une histoire intemporelle.