Biltzar des écrivains, présentation du « Bosquejo etnografico de Sara » de José Miguel de Barandiaran,

Publié par Pierre MACIA le

José Miguel de Barandiaran vécut à Sare de 1940 à 1953, date à laquelle il retourna dans son village natal d’Ataun. C’est dans la commune Labourdine qu’il rédigea l’étude ethnographique la plus complète qu’il ait jamais réalisée dans le Pays Basque continental : le Bosquejo Etnográfico de Sara.
Cette étude est le fruit d’un travail collectif de plusieurs années, tant pour traduire au plus juste que pour rassembler et ajouter les chapitres qui faisaient défaut à l’édition originale.
Né à Ataun, en Guipuzcoa, Barandiaran fut ordonné prêtre en 1914. Très vite, ses travaux de recherches lui attirèrent la reconnaissance des milieux académiques. Mais pendant la guerre d’Espagne, il est contraint de fuir, passe la frontière et, après quelques pérégrinations, finit par s’installer à Sare.
Là, il va conduire, entre 1940 et 1953, la seule étude complète qu’il fit d’un village basque. Paysages, relief, climat, toponymie, modes de vie, productions agricoles, outils de travail ou du quotidien, moyens de subsistance, culture, alimentation, éléments d’architecture, noms, ustensiles, structure des maisons, rites, superstitions, médecine populaire, festivités, dictons, légendes… 

Court extrait d’un entretien avec Xabier Elosegi sur son adaptation du « Bosquejo etnografico de Sara » de Barandiaran, traduite en basque et en français. (Sources : EITB.com)

C’est l’oeuvre que vous avez traduite en euskara et en français, que vous présenterez lors du prochain Biltzar des écrivains de Sare…
X.E.: Oui. C’est l’oeuvre ethnographique majeure de Barandiaran, que lui-même appelait pourtant bosquejo, ou esquisse. Un immense travail. D’un grand intérêt, même aujourd’hui. Il a agi en tant qu’ethnologue, bien entendu, pour construire cette oeuvre.
Même s’il a effectué plusieurs études dans d’autres villages, celui de Sare est de loin le plus complet. Il a tout traité de manière méthodique, durant son séjour de treize ans, de 1940 à 1953. On l’appelait apez ttikia, le petit curé. Il était très apprécié des habitants, parce qu’avec lui, la confession était simple et rapide. Les gens avaient peur de cet exercice…
D’autre part, il a traité avec une vingtaine de personnes, toutes bien plus âgées que lui, qui avaient aux alentours de 90 ans. Elles lui racontaient l’époque où elles étaient jeunes, et c’est grâce à cela qu’il a pu en tirer une photographie. Une photo qui raconte une histoire.

Pourriez-vous résumer cette histoire ?
X.E.: Il a été jusqu’à la cartographie, la géologie, et la maison, évidemment: les constructions, la religion, les superstitions, la météorologie… Cette histoire, c’est la terre, l’agriculture, les bergers, la contrebande, les légendes, les narrations, les contes. Cela a également une valeur linguistique.
Son oeuvre a été conçue et pensée en espagnol, mais des expressions typiques de Sare y apparaissent. Il en ressort un véritable dictionnaire, très riche, relié à des modes de vie. C’est d’une valeur sans précédent. Il a en plus réalisé lui-même les illustrations.
Puis il y raconte également l’occupation allemande à Sare, qu’il a lui même vécue. Il parlait allemand, et a été un précieux traducteur au village. Les Allemands, fervents amateurs de sciences, s’intéressaient aussi à son travail.

Il y avait donc plusieurs raisons de traduire cette oeuvre…
X.E.:

Il était indispensable de traduire l’ouvrage de Barandiaran, puisque la
majorité des saratar ne le connaissent pas. C’est pour cela que
l’ancien maire de Sare, Jean Aniotzbehere, avait déclaré vouloir le
traduire en français, et l’Institut Culturel Basque a promu la
traduction en euskara.

Mais nous voulions laisser cette
oeuvre en une langue basque compréhensible, ne serait-ce que pour les
habitants de Sare. Nous avons également saisi l’occasion de rectifier
certaines erreurs de Barandiaran, puisque certaines choses, au niveau
linguistique, lui avaient échappé.

PLUS : ICI : http://www.eitb.com/infos/culture