Lu dans « @lternative P@loise » : Ours, saumons, anguilles, même combat !
J’ai grandi dans le piémont Pyrénéen, à une époque où la canne à pêche et les promenades dans les bois remplaçaient la télévision, le portable et les jeux électroniques. La patiente observation de la nature vous forge une admiration sans borne pour ses merveilles. Dans les années 50 et 60 il y avait une cinquantaine d’ours dans nos Pyrénées. J’ai vu mon père pêcher cinq saumons dans la matinée, les saumons de début de saison de plus de 10kg n’étaient pas rares (jusqu’à 14 kg) et moi même, du haut de mes 15 ans, avec ma petite canne à truite, j’ai eu l’occasion de lutter avec des bécards, ces saumons qui vont redescendre après avoir frayé…
Cinquante ans plus tard, il reste 2 ou 3 ours autochtones, les saumons du gave d’Oloron sont en voie de disparition (moins de 100 ont été capturés en 2009), et comble des combles, l’anguille, autrefois poisson banal et très abondant est en péril ! Pourquoi le béarnais ne peut-il comprendre que cette biodiversité magnifique est son avenir ?
Dans le monde, même les populations les plus primitives ont compris que la protection de la biodiversité est une vraie ressource durable. Au Kenya, les Massaïs ont accepté des contraintes pour permettre aux lions de la savane de cohabiter avec leurs bovins (et ils sont bien moins remboursés que nos bergers tout en subissant des contraintes bien plus importantes…) Plus près de nous, dans les Carpates, en Italie ou en Espagne dans les monts Cantabrique, les populations et les ours cohabitent, leur nombre augmente à nouveau. Et ne parlons pas des grands parcs américains où les touristes observent de près les très nombreux plantigrades.
Les Ecossais ont compris depuis bien longtemps que si un saumon pris par un pêcheur professionnel lui rapportait 100 euros, un saumon pris à la canne par un touriste rapportait plus de 1000 euros.
Comment peut-on aujourd’hui continuer a accepter que l’on pêche les pibales, ces alevins d’anguilles qui viennent de traverser l’Atlantique pour venir grandir dans nos rivières ? Pour 1 kg de pibales dans la poêle, c’est 3000 alevins d’anguilles éliminés ! Et comble du surréalisme, alors que l’anguille est classée espèce en danger, le quota des pêcheurs professionnels de pibales passe de 1,4 à 4 Tonnes !!!
L’évolution de l’élevage dans nos Pyrénées occidentales doit être durable. La situation traditionnelle d’estives où le berger, présent en permanence, faisant son fromage, surveillant ses brebis, doit être préservée. Il ne doit peut être pas en être de même pour un élevage pour la viande, ou les éleveurs veulent pouvoir laisser en liberté totale leurs animaux sans quasiment aucune surveillance. De manière à favoriser l’accès des éleveurs, on a aussi multiplié les routes et pistes défigurant durablement nos paysages, perturbant les derniers habitats de l’ours. Il faut que les éleveurs et surtout les habitants des vallées (car ce ne sont pas toujours les mêmes) comprennent qu’une solution permettant la cohabitation entre bergers et ours est possible, à condition de le vouloir. L’Europe devient plus écologique et seules les activités durables seront subventionnées dans ces zones qui restent encore un peu un exemple de ce qu’était notre planète avant qu’elle ne soit dévastée par l’homme.
L’avenir des Pyrénées c’est sans doute d’être un grand Parc International dans lequel les activités autour du tourisme seront durables : randonnées, observation de la nature, pêche sportive « no kill », gîtes et logement chez l’habitant qui deviendra un hôte et un guide, mais aussi élevage traditionnel, exploitation forestière organisée, …etc
Les habitants des vallées ont un avenir, avec des métiers enviables s’ils participent activement à bâtir un tourisme écologique de qualité.
L’Ours, le saumon, l’anguille sont l’avenir du Béarn, les minorités égoïstes doivent le comprendre.
Daniel Sango@lternative P@loise :www.alternatives-paloises.com