Plaidoyer pour une anarchie verticale !!
« M. Jesus Vallés avait inauguré en 1977 l’Eperon Nord du Pic d’Aspe,
avec des moyens traditionnels, itinéraire qui n’est jamais devenu
classique. En 2007, Carmelo Torrijo y Juan Nadal ont, faute de
renseignements préalables, en grande partie ré-ouvert cette voie, en y
installant une soixantaine de goujons.
Ce qui n’a évidemment pas plu
à Jesus Vallés, une telle mésaventure a de quoi agacer. Mais Jesus ne
lave pas son linge sale en famille et, membre d’un parti écologiste, il
vient de trouver un combat déterminant pour l’avenir de la planète qui
lui permettra peut-être d’accéder à la reconnaissance de ses pairs… »(Rémi Thivel).
Voici le texte en français de Christian Ravier paru sur le blog de Desnivel
La première fois que j’ai utilisé la perceuse dans une grande paroi, c’était en 2000, à la Peña Montañesa lors de la première ascension des « Passe-Murailles » en compagnie de Cyrille Dupouy. Dans la grande intensité que m’a demandée cette ouverture, j’ai découvert ce jour-là que le gain de temps et de fatigue que représentait l’utilisation d’un tel outil allait me permettre de pousser plus loin mes limites dans la lecture de la pierre et aussi, pourquoi pas, de mettre moins de spits. J’essaye aujourd’hui, avec quelques ratés parfois, de garder cette éthique, conscient malgré tout que chaque fois que je perfore la roche, une personne « con corones mas grandes » ne l’aurait pas fait.
La perceuse est un outil…
Dans le canyon d’Arrazas, depuis une dizaine d’années déjà des grimpeurs utilisent le perfo pour l’ouverture de voies nouvelles. Ces itinéraires restent dans l’esprit d’aventure que les grimpeurs viennent chercher à Ordesa depuis toujours. Depuis toujours aussi, ils sont conscients du joyaux que représente cet endroit exceptionnel et ils n’ont pas besoin d’une administration pour leur rappeler. Les spits sont utilisés avec parcimonie depuis les années 60 sur les parois du Gallinero, du Tozal ou de la Fraucata. On mettait alors des burils qui ne sont que des parabolts… En moins solides.
J’ai donc de sérieux doutes sur les connaissances que peut avoir Jesus Valles sur l’escalade actuelle à Ordesa. Mikel Zabalza, qui à signé ces quinze dernières années les plus belles oeuvres en ces lieux, a par exemple, utilisé 10 spits (relais compris) pour les 400 mètres de l’exceptionnel « Enamorados » et 6 (toujours relais compris) pour la non moins belle voie « Libertaria ». Comme aseptisation à outrance, il y a pire !! et pourtant, la perceuse de Mikel est sans nul doute celle qui résonne le plus dans le canyon d’Arrazas. En extrapolant quelque peu les propos de Jesus Valles, l’entreprise Zabalza aurait des accointances avec Aramon !! Plus sérieusement, à l’heure actuelle, l’utilisation de la perceuse n’est absolument pas outrancière à Ordesa, mais ce n’est pas pour cela qu’il ne faut pas rester vigilant, sans paranoïa excessive. La perceuse est un outil dangereux et la « taladromania » est une pathologie qui s ‘attrape quand on oublie le message de la pierre.
Il est de toute façon clair que l’avenir de l’escalade de difficulté passera, un jour ou l’autre, inéluctablement par l’abandon du spit comme on pu le démontrer Josune Bereziartu et Rikar Otegi en ouvrant « El ojo critico » au Pilier du Cotatuero.
C’est en descendant de l’arbre que le singe est devenu homme, c’est sûrement en remontant les branches de l’arbre de l’éthique édifier par Jesus Galvez que le grimpeur découvrira peu à peu l’escalade vraiment LIBRE !!
On pourrait disserter longtemps sur les chemins empruntés par l’escalade… Et tourner en rond, longtemps aussi, autour de l’égocentrisme de chacun d’entre nous mais, aujourd’hui, l’important n’est pas là ! non, l’important n’est pas le supposé peut-être futur comportement d’un maniaque du perforateur à Ordesa, mais bel bien celui de Jesus Valles auprès de l’administration du parc national d’Ordesa. Ce comportement me révolte profondément. Cette délation mensongère véhiculée par une méconnaissance totale de la situation me sidère. Il existe une expression de paysan pour décrire cette situation : « se mettre le cochon dans le maïs »… Et quand c’est l’état, le cochon peut se révéler particulièrement gourmand.
Que Jesus Valles soit offusqué, comme il le dit, par le massacre de la voie qu’il a ouvert dans les années 70 au Pic d’Aspe (sujet que je ne connais pas), je le comprends parfaitement. L’espace vital d’un itinéraire est à prendre en considération. Jesus Valles cherche à calmer son courroux empreint d’égo surdimensionné en appelant la police (l’administration du parc) pour surveiller les grimpeurs à Ordesa.
Jesus Valles sait très bien que la méconnaissance de l’administration du parc concernant l’escalade à Ordesa est totale et que la solution ne sera que répréssive envers une toute petite communauté de grimpeurs.
Il ne fait pas toujours bon vieillir dans le monde de la montagne !
Mais il y a peut-être des solutions plus ciblées pour calmer les ardeurs totalitaires de Jésus Valles :
1) La destruction totale du matériel d’Eloï Callado, de Joan Solé et d’Eduard Sanchez pour le « massacre », (10 spits sur 500m), perpétré au Piton Carré.
2) L’interdiction définitive et sans appel à Mikel Zabalza de grimper sur les parois d’Ordesa.
Et bien sûr, pour finir, l’excommunication de Sir Henry Russel du patrimoine Pyrénéiste pour avoir été le promoteur des plus gros trous que la Cordillère franco ibérique n’ait jamais connu*.
*En ne tenant pas compte bien sûr des tunnels de Cadi(qui est hors de prix), du Puymorens, de Viella, de Bielsa et du Somport.
Christian Ravier