Vallée d’Ossau, topo de Luis Alfonso et Xavier Buxo.

Publié par Pierre MACIA le

Les 100 plus belles courses de Bellefon ont guidé toute une génération de
grimpeurs. Longtemps, la photo de Rebuffat dans la face nord du Vignemale sûrement dans les schistes rouges (p.
161) chemise à carreaux, en grosses chaussures surmontées d’un knicker, sans
casque, a tricoté mon imagination. Il
s’élance plus qu’il ne grimpe. Son geste indique un croisement de pied né de
l’élan plus que la posture lourde et  statique qu’on nous proposait généralement à l’époque. Ses
mains sont légères, il ne s’agrippe pas, il effleure. Les yeux découvrent la
suite. Il est 10 mètres
au-dessus du relais et il n’y a pas de point. Le topo est sur la page opposée :
un trait continu gras sur une gravure de montagne large comme un désert et  d’une finesse d’ailes de papillons. Pas de
cotation. Une ligne tombée du ciel. L’image suffit. Liée à la voie, à la face,
elle indique l’élégance d’un élan ininterrompu de 800m.

Un topo invite, propose, conduit. S’il est bien fait. S’il est grandiose,
soutenu par un texte inspiré et convulsé comme les 3 étages du Cirque de
Gavarnie, il donnera un sens et pourra changer aussi l’existence parce que
l’escalade n’est pas uniquement un sport.

Le topo d’Alfonso a quarante ans de moins. Un vrai style né d’un long
travail de composition sur ordi. Les topos de Luis Alfonso et Xavier Buxo ont
la même ambiance et sont reconnaissables au premier coup d’œil. Ils ont la
même patte et portent l’empreinte des professionnels.

Celui là est complet, Il semble l’être. Il décrit exhaustivement la Vallée d’Ossau.  Il présente même Pleysse,
Migiebat, le Rocher Blanc cher à Jean Ollivier. Il manque « presque » Pont de Camps
et le site mineur de couennes en face de Miegebat. Le résultat est honorable car on imagine sans peine l’énergie dépensée pour la
collecte d’informations afin de compiler les 374 pages de joyeuses et gracieuses
escalades béarnaises.

Ce livre épais à souhait comble la main d’un honnête homme et dans un sac à
dos prend la place de 4 Power Barres. Il est donc indispensable.

Le livre est élégamment dédié à Bunny car nos grimpeurs espagnols n’oublient pas quel grimpeur il fut. D’ailleurs Arudy où tout a commencé
pour lui ouvre les premières pages de ce manifeste de l’escalade bien de chez
nous …

C’est une rafale. Le texte de Bunny du Passe Muraille de juin 2004 donne le
tempo. On le connaît. Il sera militant. Le topo est lustré, poli et brille
comme un escalier en acajou. La description minutieuse de ce site un peu
complexe a du demander de nombreuses reconnaissances. Les femmes sont à
l’honneur. Christine Larlus et Francine Magrou illuminent les pages. Rémi
Thivel est derrière l’objectif et souvent en action.

Le massif de Gourette est présenté et à jour (Petit Yack 2010). Hourat et
Pourtalet y sont. L’Ossau est là bien en place. La présentation majestueuse est
assurée par Christian Ravier himself et il y a même « Caramba » et
« Not to Bolt… » (2009). Pierre-Jean vente les mérites d’Arrémoulit
et (petit bémol régionaliste) même le Larribet pourtant entièrement dans le val
d’Azun se voit accroché au vaisseau amiral de Luis Alfonso. Certes les voies
admirables de Daniel Lanne ajoutées au pack déjà solide donnent un argument
encore plus (comment dire) aguicheur…

Sinon rien à dire, c’est moderne, colorié, en français et en espagnol et
une iconographie étincelante illustre le propos. Bref un topo qui invite,
propose, conduit …

Parfait, sans doute non, mais le travail remarquable s’étale sur presque 400
pages. Les spécialistes relèveront sans doute des fautes, des bourdes, des
pétouilles, des dates erronées, des cotes inversées. Tant pis, il remplira honnêtement
son office, celui d’informer et de compiler en un seul gros volume, 100 ans d’escalade
en Ossau.

Mais dis-moi joli topo moderne de papier glacé où as-tu mis l’élan ?..

A la MM on travaille sur un topo de la vallée d’Aspe pour 2012…mais c’est
une autre histoire.
D’abord il faut acheter Vallée d’Ossau (Supercrack Edicions –
28€) et Escalade à Ordesa (Pin à Crochets – 32€) parce que pour rêver rien de
tel  qu’un bon topo.