Entre dérangement et prédation, le chien domestique quel impact sur la faune?
Le problème des chiens errants se pose pour un nombre important de gestionnaires de réserves naturelles. Si le problème de ces chiens présente des similitudes avec celui posé par la gestion des grands prédateurs, une différence.En effet, les gestionnaires de réserves sont souvent en mesure d’identifier le propriétaire du chien observé en divagation: soit le maître n’est pas loin, laisse à la main, soit il réside non loin de la réserve. Malgré la législation en place , la présence des chiens dans les espaces naturels pose problème à la fois aux gestionnaires de ces espaces mais aussi au monde de l’élevage et ceci même avec des chiens de petites taille.
C’est le chien … des autres
Lorsque l’on aborde, la question du chien, avec son maître ou sa maîtresse la dimension affective devient souvent aveuglante. « Mon chien ne dérange pas, il ne chasse pas… Je le maîtrise sans laisse pas de problème. Le problème, c’est le chien… des autres! ».
L’enjeu est de taille, car depuis 50 ans la population de chiens en France a doublé passant de quatre millions dans les années 50 à huit millions en 2009; ainsi 25% des foyers français possèdent un chien. Or, tout chien quelque soit sa taille, son origine, sa race fonctionne avec un schéma mental identique: son instinct de reproduction, de protection du territoire et son instinct de prédation.
Il est un prédateur potentiel pour la faune sauvage comme domestique. Ce comportement se déclenche, lorsque le contrôle par son « maître » est inopérant (absence, éloignement du maître; pas de laisse). Si les propriétaires des chiens ont tendance à minimiser cette réalité biologique, les proies potentielles, elles, le savent et en subissent les conséquences entre dérangement et prédation.
Même en laisse…
Une étude scientifique réalisée dans le massif du Caroux-Espinouse (Hérault) par les services de l’ONCFS, a permis d’évaluer la sensibilité du Mouflon méditerranéen, vis à vis du chien domestique. Le résultat est clair: si la distance médiane de fuite des Mouflons augmente très significativement en présence d’un chien, le fait qu’il soit tenu en laisse ou qu’il se déplace librement n’influe pas. L’espèce proie se méfie et fuit… Cette sensibilité accrue des Mouflons en présence d’un chien traduit un stress important qui, source de perturbation à long terme, pourrait affecter la dynamique de la population tout comme les poursuites pouvant être occasionnées par les chiens non tenus en laisse.
Un impact mal mesuré
Pour la prédation par les chiens domestiques sur la faune sauvage comme domestique, aucune étude scientifique n’existe à ce jour. Certes des chiffres circulent sur la prédation des chiens sur le cheptel ovin domestique. Ces chiffres compris entre 25 000 (source organisme agricole) et 500 000 brebis (source naturalistes) sur les 10 millions de têtes du cheptel ovin national reposent sur des études fondées sur du déclaratif et de faits inexploitables (trop de biais).
Alors que faire?…
Dans le cadre d’activités écotouristiques, de randonnées, de balades sur un massif, la maîtrise de ces dérangements doit être envisagée dès à présent. La réduction de la prédation sur la faune passe par la tenue du chien en laisse. Pour y parvenir l’information du public comme la répression sont des outils adaptés. La diminution du dérangement, repose par une utilisation des sentiers balisés afin d’habituer la faune au passage de randonneurs sur certains axes. Tous ces paramètres sont valables dans les Réserves Naturelles comme en dehors.
Olivier SALVADOR,
Technicien FRNC
Dégâts : Quelques chiffres
– Chien autour de 25000 (source organisme agricole) à 500000 dégâts en France.
– Ours dans les Pyrénées, autour de 200 à 300 dégâts ours sur Brebis par ans constatés ou accordés au bénéfice du doute dans les Pyrénées françaises sur 20 000 brebis mortes par an par été (dérochement, chien, foudre, maladie et ours…),
– Loup dans les Alpes françaises autour de 3000 à 4000 dégâts attribués au loups.
Dans les Zone de présence permanente tous les dégâts attribués à un grand canidé sont attribués au Loup au bénéfice du doute sur Brebis soit sur 100 brebis prédatées dans les Alpes: 20 % dégâts chiens domestiques, 20% loups, 60 % grands canidés indéterminés attribués au Loup avec bénéfice du doute à l’éleveur car nous sommes dans l’impossibilité scientifique de différencier un dégât de grand canidé domestique, d’un dégât de Loup…
Source : bulletin d’info
des Réserves Catalanes N°15, décembre 2009 ; pages 7 et 8
En annexe le bulletin