Froid comme le bonheur

Publié par Pierre MACIA le

Ils ont plus particulièrement étudié les dômes de neiges Argus et Fuji, deux sommets présents sur le plateau Antarctique et une vaste dépression vers 4000m où les températures devaient être extrêmement basses.
C’est dans ce type de configuration topographique et météorologique que les chercheurs ont réussi à trouver les températures les plus froides de notre planète.

Ainsi, une douzaine de fois, le précédent record de 1983 a été battu et la température la plus froide jamais enregistrée a été mesurée à – 93,2°C le 10 août 2010, au coeur de l’hiver austral.
Cette température extrême rend toute vie humaine impossible.
L’endroit habité le plus froid sur Terre se trouve dans le nord-est de la Sibérie, dans les villes de Verkhoyansk et Oimekon où les températures sont descendues jusqu’à -67,8°C, respectivement en 1892 et 1933.

En France, la température la plus basse a été enregistrée à Mouthe (Doubs), le 13 janvier 1968, il faisait alors – 36,7 °.

On peste contre le froid, la neige, les hivers longs et les « étés pourris ». Pourtant notre avenir s’inscrit dans la glace.
Ce grand singe qu’est l’homme est né en Afrique. Il a conquis la
planète en transportant partout avec lui son climat
tropical grâce aux vêtements puis en domestiquant le feu, le charbon, le pétrole.

Avec le chaos climatique en cours, la Sibérie se réchauffe : le permafrost fond libérant des tonnes de méthane. Le
changement climatique provoque, par ailleurs, la fonte des glaces de
l’Arctique (- 15% en 20 ans), qui permet, de manière saisonnière, le
passage de la navigation commerciale. Les passage du nord-ouest et du nord-est s’entrouvrent. Les enjeux pour l’activité de
transport maritime international et l’exploitation commerciale de ces
nouvelles routes maritimes semblent considérables et les multinationales se frottent, une fois de plus les mains.

Il est maintenant globalement admis que ce réchauffement sera
un désastre global, avec des tornades, des cyclones, la stérilisation des
terres, l’extension des déserts ici, de terribles inondations là, une
inexorable montée des eaux marines et l’apparition de centaines de millions de
réfugiés écologiques.
Les dix années que nous venons de vivre sont les plus chaudes que la
planète ait connues depuis qu’il existe des données météo.

Comme dit Yves Paccalet, dont ce billet s’est largement inspiré,  « Si la Sibérie cesse d’être sibérienne, je ne donne pas cher
de notre peau de grands singes peu poilus. Notre avenir s’inscrit en lettres de
glace à la surface d’un sol (un permafrost) qui ne dégèle jamais, et sur lequel
trottinent le lièvre variable, le renard polaire et le loup gris. Nous avons
besoin que l’Ob et l’Irtych, le Ienissei et l’Angara, la Lena et la Kolyma,
gèlent en hiver, et que les Nenets migrent en traîneau derrière leurs rennes.

Nous sommes tous des Nenets sur l’infini des neiges, et le
bonheur est dans le froid. »

Migration annuelle des Nenets (photos de Salgado) : Washington Post