La folle histoire de l’azote, allié de l’agriculture et menace pour la planète (The Conversation, Newsletter)
Pour beaucoup d’historiens, c’est l’invention la plus importante de l’histoire moderne, plus encore que l’avion, l’énergie nucléaire ou la télévision. Il s’agit du procédé Haber-Bosch : derrière ce nom peu connu se cachent les deux chimistes allemands qui ont réussi à synthétiser l’azote.
On retrouve cet élément en grandes quantités dans l’air, mais il est également indispensable dans les sols pour assurer la croissance des plantes. Qu’il vienne à manquer, et ce sont les récoltes qui sont compromises. La découverte de ces chimistes a en outre permis le développement rapide des engrais minéraux et l’essor de l’agriculture intensive.
Aujourd’hui toutefois, l’utilisation massive de ces engrais est à l’origine du dérèglement du cycle de l’azote. Un phénomène inquiétant considéré comme une des limites planétaires qui menacent l’habitabilité-même de la Terre. Le biogéochimiste Gilles Billen de la Sorbonne Université nous explique comment nous en sommes arrivés là et se pose la question : peut-on nourrir la planète sans ces engrais azotés ?
Une des pistes les plus prometteuses est le développement des légumineuses, en rotation de culture ou en guise d’engrais verts. Car cette famille de plantes détient une faculté unique : celle de capter l’azote de l’atmosphère pour le transférer dans les sols et faciliter ainsi la croissance des autres cultures. Cinq chercheurs en agronomie du Cirad de retour du terrain nous rapportent le potentiel et les limites de ces techniques à Madagascar.
Cette semaine, enfin, le podcast Sur La Terre, élaboré en partenariat avec l’AFP, nous raconte les conséquences du dérèglement du cycle de l’azote sur les mers et les océans, entre algues vertes et anoxie des fonds marins.
Gabrielle Maréchaux (The Conversation)
Gilles Billen, Directeur de recherche CNRS émérite, biogéochimie territoriale, Sorbonne Uni