Surrection, érosion, comment naissent les montagnes ? Le 20 Mars 2010, peu avant minuit, l’Eyjafjallajökull entre en éruption…
L’Eyjafjöll est un volcan sous-glaciaire, qui culmine à 1666 m
d’altitude. Ce stratovolcan âgé de 700.000 ans possède peu d’activité
historique connue : autour de 550, 1612 et 1821-1823. La fin de
l’éruption de Eyjafjöll coincide avec le début en 1823, de l’éruption du
Katla, qui a été l’éruption la plus violente d’Islande au cours de ces
200 dernières années.
Cette corrélation a mené certains chercheurs à suggérer l’existence d’un
couplage entre les deux systèmes magmatiques.Le Katla est un des volcans les plus actifs d’Islande, avec un réservoir
magmatique permanent et une moyenne de 2 éruptions par siècle. Sa
dernière éruption majeure a eu lieu en 1918 et deux événements mineurs
sub-glaciaux ont eu lieu en 1955 et 1999. Le volcan est couvert par le
glacier Myrdalsjökull (1500 m), le quatrième de l’Islande pour sa
taille. Le glacier a une surface de 586 km2, un volume de 140 km3, dont
45 km3 situés à l’intérieur de la caldeira sommitale (16×10 km) et une
épaisseur maximale de 740 m. La caldeira du Katla est connectée avec une
zone de fractures orientée SW-NE.
L’éruption de 2010
Cette éruption se subdivise en deux phases bien distinctes entrecoupées par deux jours d’inactivité le 13 et 14 Avril 2010. En parallèle avec cette coupure dans l’activité, la chimie du magma a été totalement modifiée.
Le 20 Mars 2010, peu avant minuit, l’Eyjafjallajökull entre en éruption de manière excentrée par rapport au sommet de l’édifice. Le point d’émission se situe au niveau du col séparant l’Eyjafjallajökull du volcan voisin le Katla. Les premiers séismes précurseurs de cette éruption ont été enregistrés par le réseau de surveillance islandaise en Avril 2009.
Cette éruption est une éruption fissurale (comme souvent en Islande). La fissure s’étend sur 800 mètres de long. Elle est caractérisée par l’émission de jets de lave s’élevant à plus de 200 mètres de hauteur. Elle présente une activité effusive sous la forme de fontaines et d’épanchements de lave.
La deuxième phase est plus violente et plus explosive. L’Eyjafjöll entre en éruption et émet un important volume de gaz, cendres et scories sous la forme d’un panache volcanique.
L’éruption a fracturé plusieurs centaines de mètres de calotte glaciaire et provoqué une fonte brutale de la glace. Les écoulements d’eau, de boues et de débris dus à cette fonte ont entrainé d’importantes inondations et obligé les autorités à évacuer 800 personnes.
Le fort caractère explosif est dû tout d’abord à l’interaction eau-magma et au violent choc thermique entre de la glace à zéro degrés violemment vaporisée par un magma à plus de 1000°C. Cette énergie contribue de manière importante à fragmenter la roche au niveau du point d’émission produisant des particules très fines qui sont expulsées jusqu’à 10 km d’altitude.
Du 14 Avril jusqu’à aujourd’hui, la deuxième
phase émet un magma plus différencié et donc plus explosif, un
trachy-andésite (58% de SiO2), dans la partie sommitale de l’édifice.
C’est cette deuxième phase qui est responsable de l’expulsion du panache
à presque 10 km d’altitude et qui a eu pour conséquence la très forte
perturbation du trafic aérien européen.
Cartographie du nuage de cendres sur l’europe du nord
Pour en savoir plus :
Institut de physique du Globe de Paris
Institute of Earth Sciences – University of Iceland
Compilation d’images satellite
Webcam sur l’Éruption
Photographies de l’Éruption par Marco Fulle
Photos satellites du panache
Video prise en helico le 19 Avril 2010
Animation tectonique des plaques