Pause lecture: « La randonnée de A à Z »
Le principe: une aiguille aimantée, reposant dans un bain d’huile (d’olive vierge, première pression à froid de préférence) est attirée vers le nord magnétique, quelque part tout là-haut. Tout ça est fixé sur un cadran gradué, inséré sur une plaque plastique ou dans une boîte, avec plein de chiffres de toutes les couleurs partout pour faire croire aux non-initiés qu’on est drôlement fortiches nous autres. »
« Montée, descente à l’envers. Moment béni où même les plus bavards se taisent, sous peine d’asphyxie, ou les yeux sont rivés sur le bout des chaussures, sur le moindre petit caillou qui risquerait de rajouter un effort, si infime soit-il, ou les gouttes de sueur imprègnent les sourcils, qui dégorgent dans les yeux, brûlent, font pleurer puis coulent le long du nez, virent à gauche en remontant le bourrelet de la lèvre supérieure pour, soit se perdre, salées, dans la bouche, avalées par un coup de langue furtif, soit la contourner, prendre élan sur le menton et rejoindre les copines, tout en bas, sur le devant du tee-shirt.
La montée, c’est quand le sac tire en arrière, laboure les épaules, irrite les aisselles.
C’est quand le sac n’a jamais été aussi lourd.
C’est quand on en a plus rien à taper des fleurs, des chamois, de l’accompagnateur et de ses conseils à la noix pour moins en baver, ni du somptueux panorama promis, tout tout là-haut, loin, très loin, si loin, si dur.
La montée, c’est quand on se promet que c’est fini et bien fini, plus jamais, terminé, qu’il n’y aura plus de vacances qu’à la mer ou à la campagne, et encore, les Landes ou la Beauce. »