Anda ! Nous repartons !
Ainsi, des rêves naissent les grandes joies de notre vie. Mais des rêves, il en faut toujours. Je les préfère aux souvenirs. (Étoiles et tempêtes, Gaston Rébuffat)
A nouveau, les bénévoles se réunissent. A nouveau, des actions s’imaginent, la lumière dans les locaux s’allume, des têtes passent à travers la porte et nous disent : « la Maison de la Montagne continue, bravo ! »
Des rencontres nouvelles se créent, des amitiés, des partenariats se nouent.
La Maison de la Montagne a souffert. Elle a traversé un été de canicule des esprits, de surchauffe existentielle. Notre dernière Assemblée générale a sonné le glas d’un modèle qui avait touché, on l’a compris, ses limites. Des projets qui s’arrêtent en raison d’une pandémie, des actions qui ne trouvent plus de public, et donc de financement.
Il fallait rebondir. On y est : cet automne, on repart entre bénévoles en espérant tout, en espérant plus.
Nous sommes rentrés dans un long processus de réécriture du projet et de réorientation avec à l’horizon un modèle durable et une autonomie financière. Un Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) porté par PSL 64 et le Département et une formation globale soutenue par l’Agence des Pyrénées et bornée par les partenaires historiques de l’association (Ville de Pau, CD 64, Région Aquitaine) va nous conduire à conclure cette phase de rebond. Nous toucherons au but ce Printemps.
Nous sommes rentrés au CA d’Agora Pyrénées (nouveau nom de l’association “Une marque pour les Pyrénées”) et nous avons trouvé auprès du Massif et de l’Agence des Pyrénées une reconnaissance inestimable. Tous veulent sauver le modèle unique qui a été développé par la MM. Tous reconnaissent la valeur de ces actions, son ancrage et son savoir faire. Tous veulent le voir se développer et servir d’exemple non seulement à Pau mais dans le massif que nous aimons, Les Pyrénées.
Il faut saluer ici, infiniment, les salariés qui ont mené la barque pendant des années. Ils ont beaucoup donné, j’espère qu’ils ont beaucoup reçu et beaucoup appris dans cette association qui est partie d’une feuille blanche et de débats tumultueux. Nous avons voulu avec eux créer un lieu, un équipement, une agora de la montagne où experts et débutants pouvaient se côtoyer, lire un topo, voir une exposition. Ils ont participé sans compter à cette aventure. La fin fut sèche quand les finances furent épuisées. Nous avons du licencier le cœur gros.
Ce lieu, au gré des financements et des politiques, a été porté très haut, fut incontournable et a créé des emplois. Il n’a pas été reconnu et valorisé à sa juste valeur à l’attraction qu’il pouvait générer.
La culture du lien social que la MJC, le CAF, Les APNP et la MM favorisent ne se mesure pas seulement en euros sur les lignes d’un budget. Ne se quantifie pas suffisamment le bonheur de partager une soirée avec un groupe de musiciens ou de trouver un compagnon de cordée pour gravir le Balaïtous.
Nous voulions être des passeurs aux services des citoyens, nous pensions plus à l’éducation populaire, à respecter nos compatriotes, qu’aux coups d’éclats médiatiques. Nous rêvions que ces actions avaient de la valeur et des vertus, que le service public avait un sens au sein d’une république égalitaire.
Pour cela, nous ne pouvons oublier la centaine d’expositions que Damien a proposées, les innombrables poètes, graphistes, écrivains, qui ont participé à donner à la MM un fonds culturel diversifié, participé à la création de ce qui fut pendant un temps la plus grande bibliothèque montagne de France (oui de France !). A cela, il faut ajouter le travail quotidien de Cécile, la mise en actions de centaines de projets sociaux aux services de tous, dont certains n’auraient jamais été au-delà du Boulevard des Pyrénées sans nous… Une Bourse de prêt incontournable, des chantiers de remobilisation qui ont laissé dans la montagne leurs empreintes de pierres, de multiples rencontres naturalistes quand la Terre ne nous accepte plus et que la Nature nous rejette davantage chaque jour. Ces actions toujours gratuites n’avaient qu’un seul but, servir le peuple de Pau, les citoyens et plus souvent les derniers de cordée.
Et parce qu’il faut le répéter sans cesse, le milieu associatif sert à cela, il ne coûte pas un « pognon de dingue ». Mieux, il écoute, il lie, il resserre, il accompagne, il prépare aux changements de demain, il rend la vie vivable, fraternelle, offre une chance à tous. Il coutera toujours moins cher que l’aveuglement partisan, le communautarisme, l’égoïsme, le repli, la marginalisation.
C’est à cela que servent les associations. Alors, entre bénévoles, avec les associations partenaires, nous repartons pour réécrire un projet qui servira à tous, où les missions seront bornées et validées en amont, accompagnées bien mieux par les institutionnels, on l’espère, pour les Pyrénées, le Béarn et Pau.
La Maison de la Montagne est ouverte pour la Bourse de prêt à partir du 1er décembre sur rendez-vous, les vendredis après-midi et à tous, tous les jours, pour travailler ensemble à ce projet unique.
Les expos reprennent, les conférences aussi, les actions vont arriver…
« Envoyez-moi des livres, disait Dostoïevski en prison, des livres, beaucoup de livres pour que mon âme ne meure pas ! ».
« Il avait froid ; ne demandait pas le feu, il avait une terrible soif, ne demandait pas d’eau, il demandait des livres, c’est-à-dire des horizons, c’est-à-dire des marches pour gravir la cime de l’esprit et du cœur ». (Federico Garcia Lorca, le droit à la culture, 1931)Anda, on s’accroche, on continue ! Soutenez le projet !