2 ème rencontre Verticualidad avec David Palmada le 27 novembre
Sur les photos Pelut ressemble à un gentil… fou. Ou un type extrêmement
courageux ou les deux. Extrêmement fou et courageux donc inconscient.
C’est sans doute pourquoi ça semble facile pour lui puisqu’il ne se
rend compte de rien ! Sa femme par contre la douce Esther croit en lui.
Il vaut mieux.
Quand tu poses tes 45 kilos trempés d’effroi sur un
relais composé de quatre crochets à goutte d’eau et un vieux piton que tu n’y pendrais même pas un saucisson, il faut croire en
l’homme…et à la lévitation. David emporte avec lui un ours en peluche
comme porte bonheur. Ce qu’il ne dit pas c’est qu’il doit avoir un sac
à dos de patte de lapin, grigri, trèfle à quatre feuilles et plein
d’autres talismans improbables.
Les types comme Palmada semblent
avoir du sang froid de lézard qui leur coule dans les veines. Parce
qu’il en faut pour attaquer des voies comme Intifada où chaque
déplacement demande de la réflexion, chaque pas est une aventure,
chaque point planté solidement un événement.
Quand on regarde les
quelques photos de David Palmada, son regard n’est pas sans rappeler
celui de Fortino Sámano, due à Agustin-Victor Casasola.
La photo est
archi connue. Ce lieutenant de Zapata, faux-monnayeur, a fini fusillé
par les troupes fédérales, exigeant de garder les mains libres et les
yeux sans bandeau, fumant, le dos au mur, son dernier cigare. Le
peloton va tirer, Fortino a ôté son chapeau, redresse le torse et
dévisage les soldats avec fierté. On dirait qu’il attend sa fiancé dit
la légende. On dirait qu’il est au pied de chez elle, il attend
qu’elle sorte, pour l’enlacer et ça sent bon l’eau de Cologne et le printemps.
Non Fortino va se prendre 12 balles dans la peau et il fume tranquillement son barreau de chaise. S’en fout la mort !
David
Palmada lui ressemble. Dans la voie, tous les points qu’il a mis ne
résisteraient pas à un pet de lapin anémié. Il regarde son dernier
rurp gros comme un carré de chocolat et le plante gaillardement en
trois coups de marteau en caoutchouc de camping. Il monte dessus sous
les yeux un peu las d’Esther…qui ne peut le voir parce qu’elle a mis
son masque de ski. La terre rouge sur laquelle David grimpe est
foireuse et lui coule dessus comme un sablier qui se vide. Tous les
points sont miteux d’ailleurs, le relais est nul, il fait 45°…les loups
hurlent au pied de la voie. David fait un bisou à Esther et part pour
une journée d’artif comme d’autres vont au PMU faire leur tiercé.
Intifada
est une des voies d’artif la plus dure du monde. A6 dit le topo. Chutes
de 70 m et danger de mort dit Jim Beyer son ouvreur…
David rajoute «
mais la vérité est que le danger de mort nous accompagne tous les jours
dès que l’on se lève jusqu’à ce que l’on aille dormir (même en ronflant il
est là). »
Pendant 6 jours le temps de la répétition, David et
Esther vont recommencer le même scénario. Relais foireux, pitons,
plombs, crochets, ne manque que le serpent à sonnette et le fantôme de
l’allemand perdu, pour se croire dans une BD de Blueberry !
Ils
aiment tellement ça nos deux compères qu’ils ouvrent en 2009 une voie
en A6+. Là c’est bien simple, les fissures sont pleines de tarentules,
il fait si chaud que les crochets fondent et même le Nutella se
vaporise !
David et Esther vous l’avez compris, sont des magiciens. Ce qu’ils font est très, très engagé.
Les
tours de grès de l’Utah sont des merveilles naturelles et grimper
là-dessus relève plus du rêve que de l’escalade. Ce qu’ils réalisent
est très beau et ils placent l’escalade au plus haut niveau de la
technique et de la force mentale.
Le plus impressionnant reste
qu’ils réalisent cela en couple et pendant leurs vacances. Le jour où
ils se marieront il faudra que le curé les suivent en kite surf sur un
lac de lave en fusion et leur voyage de noce se fera en Tasmanie où ils rejoindront un pote dentiste pour requin blanc !
Ce vendredi, David
sera là pour nous montrer ces images inoubliables. Elles vont montrer que même l’ascension des voies les plus dures sont un pied de nez à la vie, un amusement et une joie inexprimable. D’ailleurs, les rencontres
Verticualidad ne sont-elles pas un prétexte pour partager cette passion de
l’escalade autour d’un verre, de tapas et de musique « Muy vibrante » ? Vamos David !
Programme
19h00 : Apéro tapas
20h30 : “Intifada” – David Palmada alias Pelut
David
nous offre la répétition de la voie mythique « Intifada » qui était
jusqu’il y a peu l’unique voie cotée A6. Cette voie a été ouverte par
le non moins mythique Jim Beyer et jusqu’alors, elle n’avait été
répétée que deux fois, toujours par des grimpeurs américains