Le guide de haute montagne Hervé Gourdel est mort assassiné

Publié par Pierre MACIA le

Hervé est mort parce qu’il aimait la vie, la même vie que nous aimons, cette vie sauvage et libre qui nous engage hors des sentiers du quotidien.
Hervé est mort parce qu’il était français et que sa passion l’a conduit en Kabylie dans le massif des Djurdjura où il comptait grimper avec un groupe d’amis.

 « Le diplôme de guide m’a permis de gagner ma vie loin des bureaux en grimpant, en skiant, en parcourant des cours d’eau, en parlant de la montagne…, en transmettant un enthousiasme et des connaissances ! » écrivait-il sur son site internet. « C’est dans l’Atlas marocain que j’ai commencé à évoluer, expliquait-il. J’ai eu envie de ramener des images des gens qui y vivent. »
Pendant vingt ans, le guide niçois a organisé des stages pour former des accompagnateurs en montagne et ainsi transmettre sa passion. Ironie du sort, c’est dans la même chaîne de montagnes de l’Atlas, du côté algérien cette fois, que le guide de haute montagne a été enlevé dimanche en compagnie de ses accompagnateurs algériens.

Avant lui, Michel Germaneau, Denis Allex, Philippe Verdon, Ghislaine Dupont et Claude Verlon avaient été aussi victime du même terrorisme aveugle, borné et  bas du plafond qui se réclame d’une idéologie aussi nauséabonde et crapuleuse que le fascisme des années de plomb.

Après le nazisme et le stalinisme, le maoïsme, le nihilisme de Polpot, on croyait avoir tout vu, tout entendu, tout compris. Et bien non !
Voilà surgir des tréfonds de la saloperie humaine, l’islamisme radical et ses affidés morbides du jihadisme d’État…
Comme leurs inspirateurs de toujours, ils portent la mort en eux et leur cri de ralliement est toujours le même. La vie n’a pas grâce à leurs yeux, la beauté et l’amour n’existe pas. Ces barbares transpirent toujours la même odeur de sang. Leur drapeau est un lent hurlement d’agonie.
Les égorgeurs sont toujours des fascistes. Leur idéologie est fasciste. Comme Milan Astray compagnon de route de Franco, leur cri de ralliement est « Viva la muerte ! » et  « A mort l’intelligence ! »

Abou Bakr Al Baghdadi n’est pas le successeur du Prophète. Ce n’est pas un saint, un illuminé, un bienheureux : c’est un fasciste, une brute, un soudard, une ordure malfaisante. Son islam est comme le nazisme et il ne porte en lui aucun germe d’une quelconque relation avec un Dieu. D’ailleurs, il s’en fout.

Al Baghdadi a une organisation qui le pousse aux fesses, un État ou plusieurs, des banques, des fonds, des réseaux, des pétro dollars et surtout des raisons politiques. Elles sont obscures pour nous qui vivons confortablement en Occident, mais il y a des raisons économiques pour maintenir les pays pétroliers sous le joug des régimes les plus totalitaires, les plus liberticides, les plus sanguinaires. Et ces États, de Rabat  à Bagdad, nous le savons bien, portent en eux les germes de leur propre destruction.

Hervé Gourdel est mort pour la Raison d’Etat et ça c’est inacceptable !

Cette même raison d’État fait que l’on continue à vendre des armes aux plus infâmes dictateurs du monde entier. Que l’on continue à recevoir des Khadafi à l’Elysée pour lui déclarer la guerre deux ans plus tard et inonder les jihadistes de la région d’armes ultra sophistiquées. Ces mêmes armes qui font aujourd’hui de cette partie du Maghreb une des régions les plus dangereuses du monde.
Cette guerre pue la décolonisation, le pétrole et les guerres de succession entre émirs héritiers d’un monde en décomposition financé par l’or noir et soutenu par les grandes puissances occidentales.

La religion n’a rien à voir là-dedans.
La religion ne peut être comprise que comme une manière de vivre et une recherche de réponses aux questions les plus profondes de l’humanité, en ce sens elle se rapporte à la philosophie.
Dans les langues où le terme est issu du latin, la religion est  envisagée comme une relation entre l’humanité et Dieu…
Dans le jusqu’au-boutisme jihadiste il n’y a pas de relation avec Dieu. Il n’y a même pas de relation avec l’Homme.

Il faut leur dire : aucun Dieu n’accorde le salut, le paradis ou toute autre connerie en échange de la mort de l’autre, de son prochain, de son frère humain.

Montaigne écrivait que la religion était bien souvent qu’un prétexte pour faire la guerre et qu’au lieu de résoudre les conflits, les guerres de « Religion » était un supplément de guerre à la guerre.
Dans les guerres de « Religion », Montaigne observait même une dégénération de la guerre, liée à une dilution du combat à la fois sociale (participation des humbles à la guerre), religieuse (mobilisation de la foi dans ce qui n’est qu’une affaire de fortune) et temporelle (continuité du conflit). Et la cruauté symboliserait cette dégénération. Elle servirait surtout  à effrayer  son propre camp en lui signifiant : voyez ce qui peut vous arriver si vous faiblissez…

Alors ces soldats perdus du jihadisme, ceux qui ont assassinés Hervé Gourdel, quand les puissants auront réglés sur leur dos l’héritage de leurs fortunes, seront inévitablement rejetés dans les poubelles de l’histoire, au même titre que les massacreurs de la St-Barthélémy.

Mourir pour des idées d’accord disait Brassens mais de mort lente.
Hervé est mort pour sa passion, pour transmettre son enthousiasme et ses connaissances.
Pour cela, il mérite toute notre admiration.

Hervé est mort dans les montagnes qu’il aimait. Nous espérons qu’il ait pu voir une dernière fois le soleil et percevoir avant les autres la rumeur d’un monde bientôt en paix, débarrassé de sa folie meurtrière. Alors il ne sera pas mort pour rien.

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