Copenhague : « Il n’y a pas de défense écologique qui ne passe par une solution politique. »

Publié par Pierre MACIA le

Pourtant dès le début des Années 70 quelques intellectuels commençaient à prévoir le pire. On se rappelle de René Dumont qui s’exprimait ainsi dans la « Gueule ouverte » (mensuel, mai 1974).
   

« J’enseigne à l’Institut national d’agronomie. L’agronomie, d’après ma définition, c’est l’artificialisation du milieu naturel. Ce milieu naturel, en l’artificialisant, on peut l’améliorer ou le démolir. Très tôt dans ma carrière, j’ai vu les dégâts de l’érosion en Algérie, j’ai aussi vu les dégâts de la désertification du nord du Sénégal en 1951. J’étais donc en contact avec des problèmes écologiques. J’avais pédalé avec les Amis de la Terre, j’avais assisté à la manifestation annuelle « Combat pour la survie de l’homme ». Tous ces amis sont venus me chercher pour me présenter aux présidentielles au nom du Mouvement Ecologique. Jusqu’à présent, tout ce que pouvaient faire les écologistes, c’était d’aller frapper à la porte des candidats en leur disant, dites donc, soyez gentils, tenez compte de la gravité de la situation. Les candidats nous répondaient : « Oh ! Combien vous avez raison », et dès que nous avions tourné le dos, ils oubliaient tout ce que nous leur avions dit. Maintenant, devant le mouvement qui s’est très vite développé autour de ma candidature, je pense que notre utopie peut aboutir à des réalisations si nous parvenons à percer le mur d’incompréhension, le mur d’ignorance. D’où l’importance des mass média.
 Après… je suis en ce moment le porte-parole parce qu’il en fallait un, mais je ne suis pas le leader. Mais pour le mouvement écologique, je fais un petit testament dans lequel je lui conseille de se structurer pour continuer un groupe ayant une possibilité de pression politique. Je ne dis pas la forme à trouver, mais cette action politique est destinée à faire un projet révolutionnaire de changement total de la société, condamnant l’économie de profit, l’économie capitaliste. Il n’y a pas de défense écologique qui ne passe par une solution politique. »

A Copenhague, le principal objectif est de limiter à 2°C la hausse des températures moyenne à la surface de la Terre. La seule solution, selon les scientifiques est de diviser par deux les émissions mondiales des gaz à effet de serre. Si nous ne faisons rien, les températures continueront à monter (de 2 à 4,5°C) d’ici la fin du siècle. La fonte des glaciers et de la banquise provoquera le déplacement de 100 millions de personnes par l’élévation du niveau des mers et 20 à 30 % des espèces végétales disparaitront.
Et Michel Serres de conclure : « On ne fait jamais de progrès sans admettre son incapacité.« 

Bibliographie succincte de René Dumont
    * Voyages en France d’un Agronome (1951)
    * Économie agricole dans le monde (1954)
    * L’Afrique noire est mal partie (1962)
    * Cuba, socialisme et développement (1964)
    * Cuba est-il socialiste ? (1970)
    * L’utopie ou la Mort (1973)
    * L’Agronome de la faim (1974)
    * L’Afrique étranglée (1980)
    * Pour l’Afrique, j’accuse en collaboration avec Charlotte Paquet (1986)
    * Un monde intolérable : le libéralisme en question (1988)
    * Mes combats. Dans quinze ans les dés seront jetés (1989)
    * Démocratie pour l’Afrique (1991)
    * Cette guerre nous déshonore en collaboration avec Charlotte Paquet (1992)
    * Famines, le retour. Désordre libéral et démographique non contrôlée (1997)
En annexe le discours légendaire du Chef indien Seattle en 1854 !

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