Bilan en demi-teinte pour les oiseaux nicheurs rares et menacés en France

Publié par Pierre MACIA le

Les espèces d’oiseaux à faibles effectifs (moins de 1 000 couples pour la plupart), souvent menacées de disparition, sont des indicateurs remarquables de la diversité de notre patrimoine naturel. Si les espèces communes (rougegorge familier, hirondelles…) nous renseignent sur l’état de santé global des populations d’oiseaux, les espèces rares ou menacées représentent en quelque sorte le « thermomètre » de la biodiversité avienne.
Utilisant les compétences d’un réseau de 145 associations ornithologiques et naturalistes, de 54 coordinateurs nationaux et de plusieurs centaines d’ornithologues, et en coopération étroite avec celui-ci, la LPO vient de publier les derniers résultats dans sa revue Ornithos.
Sur les 51 espèces étudiées, 26 montrent une augmentation régulière d’effectifs, notamment l’oie cendrée,la spatule blanche, les cigognes noire et blanche, ou en encore le faucon crécerellette ou la mouette mélanocéphale. Dans bien des cas, ce succès est dû aux actions efficaces de protection et de conservation mis en place par des acteurs locaux ou nationaux de protection de la nature (surveillance, création d’espaces protégés…).
D’autres oiseaux ont marqué une pause, cette dernière année (chiffre 2008), voire un léger déclin, dans leur dynamique récente plutôt positive. C’est le cas du goéland cendré ou du macareux moine (emblème de la LPO !) par exemple.
En revanche, 14 espèces montrent une tendance décennale à la baisse, qui devient – pour certaines – critique. C’est notamment le cas de la pie-grièche à poitrine rose (17 couples seulement en 2008), de la sterne de Dougall (une soixantaine de couples), mais aussi du râle des genêts, de la guifette noire ou du roselin cramoisi, petit passereau d’origine nord-orientale qui, après être apparu en France dans les années 1990, ne semble plus nicher en France…
Côté positif, on ne peut que se réjouir du retour de l’eider à duvet, canard marin qui avait été évincé de France comme nicheur après la catastrophe maritime de l’Erika en 1999, de même que du grèbe jougris ou du bruant mélanocéphale, nicheurs nouveaux venus en France et qui semblent confirmer leur installation.
Si, d’une manière globale, la majorité des espèces suivies restent numériquement stables, beaucoup d’entre elles ont, soit des effectifs qui restent faibles, soit des aires de répartition qui sont extrêmement limitées, voire ponctuelles (comme le flamant rose ou le fou de Bassan) ce qui les maintient dans une fragilité importante et sous la menace, notamment, des effets du changement climatique. Toutes méritent donc une vigilance de chaque instant, pour éviter que l’érosion de la biodiversité avienne ne s’accroisse davantage. Rappelons que certaines espèces comme le traquet rieur ou le pluvier guignard, ont récemment disparu de France en tant que nicheurs.
C’est ce à quoi veille quotidiennement la LPO et toutes les associations impliquées dans la conservation des espèces rares et menacées en France.

Source : Communiqué de presse de la LPO